Philippe Simonci (Jazz-Rhone-Alpes.com) : Mario Stantchev invite Olivier Truchot chez Lyon-Music

30 avril 2013 : Jazz Day Lyon

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Une fois encore ce ne sera pas un jeudi qu’Yves Dugas aura mis son espace à la disposition de son ami Mario Stantchev pour le rendez-vous « gourmand » auquel quelques happy few sont régulièrement invités.

La formule du jour est originale, elle n’a de réelle référence qu’avec Michel Petrucciani et Eddy Louiss, peut être est-elle typiquement française ? Pour un duo Bösendorfer et orgue Hammond avec cabine Leslie, c’est avec son ancien élève Olivier Truchot que Mario nous reçoit. Ils avaient déjà donné cette formule il y a une quinzaine d’années, ils replongent désormais dans l’aventure redémarrée il y quelques semaines au Hot Club de Lyon.

Il n’est plus question de relation maître-élève, les deux claviéristes s’écoutent, se provoquent et pour sûr se comprennent. Ils ont une telle connaissance du jazz dont il est question ce soir que même les regards sont inutiles, la moindre note de l’un va déclencher la réaction de l’autre, ç’est ça l’art du duo quel qu’il soit.

Ils donnent pour commencer une composition personnelle cosignée qu’ils ont visiblement griffonnée le jour même ou la veille et qui deviendra le thème indicatif de leur duo : Tout Scan TouTou nous fait indéniablement penser à l’univers soul et gospel d’un Ramsey Lewis. C’est avec Riff, composition de Mario que le ton est donné, nous sommes ce soir dans le rentre-dedans jovial et communicatif que nos deux compères pratiquent avec une désinvolture provocante. Ils ont préparé une « play list », elle sera remise en question pour chaque thème proposé. Lulu’s Back in Town, leurs assauts courtois enchaînent les traits de virtuosité, les accords inattendus, les breaks surprises. Bavards, ils s’/nous amusent, on oublie toute la technique qu’ils ont distillée, toute la connaissance de l’histoire du clavier jazz qu’ils ont digérée et recomposent sans redite aucune. Bud Powell ? Non trop rapide, plus tard… They All Laughted de Gershwin.

Le répertoire du soir s’organise entre des standards pas si joués, talentueusement réarrangés pour l’occasion et des compositions personnelles ; Duke, le magnifique hommage qu’Olivier donne en ce moment à presque tous ses concerts, est toujours aussi révérencieux de l’univers d’Ellington. C’est également l’occasion rêvée pour nous faire montre qu’ils sont aussi de fins mélodistes et qu’ils savent, par une note seule et pas besoin d’avalanches bouillonnantes, nous dire leur sensibilité, aussi. Le Bye Ya de Monk ensuite et pour terminer et avec les voix timides du public privilégié, c’est à nouveau l’indicatif jovial Tout Scan TouTou.

Source: http://www.jazz-rhone-alpes.com/130506/#jazzday10